La photographie de paysages naturels grandioses est intéressante mais il y a aussi de très beaux paysages façonnés par la main de l’homme, par des siècles de travail sans cesse renouvelé. Parmi tous ces paysages, les rizières en terrasse du dos du dragon, dans le Sud de la Chine, tiennent le haut du pavé.
Tout un pan de montagne travaillé par l’homme, entre les villages de Ping’an et de Dazhai, à 2h30 de route au Nord de la ville de Guilin. Nous sommes ici à Dazhai, et plus précisément au dessus du hameau de Tiantouzhai, construit sur une petite colline, autour des 1000m d’altitude. La région vit du tourisme, de l’artisanat et de la culture du riz. Elle est mise en tourisme depuis peu et cela se voit : les hôtels poussent comme des champignons, toujours construits dans le style de la région, au moins à l’extérieur : le bois domine et les artisans s’y entendent pour le sculpter. Des belvédères sont en train d’être terminés ici et là. Toujours dans le respect du lieu. Béton peut-être mais des formes qui se fondent un peu dans le paysage. Les sentiers et les milliers d’escaliers sont bien entretenus. Bref, c’est un plaisir facile de voyager en Chine.
La photo a été prise depuis le belvédère nº1 (eh oui, ils sont même numérotés, mais ils ont aussi des noms plus poétiques. Ici «Music from paradise»). La vue est belle, tranquille aussi. A cette période de l’année, nous sommes peu nombreux. La meilleure période pour photographier ces rizières de Dazhai, c’est quand les rizières sont en eau ou que le riz est levé. Ici, nous sommes après la récolte (septembre) et avant la remise en eau (mai). Mais le paysage est magnifique quand même, très paisible.
Pour plonger au mieux dans les rizières et garder le hameau au coeur de la photo, j’utilise une focale moyenne, à peu près celle de l’oeil humain. L’ultra-grand-angle aurait révélé les terrasses du premier plan mais aurait donné un cadre trop grand. Ici, je veux montrer le petit vallon qui descend vers Dazhai et le hameau. Un petit panoramique à plus grand angle ci-dessous.
En fait, certaines rizières sont bien en eau, mais de l’autre côté de la colline, à droite, à quelques kilomètres, dans le village de Ping’an. Nous l’apprenons quelques jours plus tard, vers la fin de notre voyage dans la région. Comme il nous restait une journée de libre, nous refaisons le trajet depuis le Sud de la région jusqu’au Nord (pas seulement pour les paysages mais aussi parce que nous avons beaucoup aimé cette petite région de montagne, un peu à l’écart du monde). Plus de 300km, dans des zones montagneuses, avalés en 4h et quelques par notre chauffeur du jour. Et effectivement, à Ping’an, une colline est en eau. 2h pour prendre des photos avant l’arrivée de la pluie. Le lendemain, nous quittons la Chine. Retour en France. Mais c’est bien une des premières photos prises à Dazhai que nous retenons.
Pourquoi ces choix techniques ?
La focale : 62mm. On a souvent tendance à penser que pour un paysage, plus on cadre large, mieux c’est. En fait, pour une belle photo de paysage, ili faut choisir les éléments que l’on souhaite y mettre, leur emplacement dans le cadre et donc le niveau de zoom. Toutes les focales peuvent donc permettre de belles photos de paysage. Il faut tenir compte d’autre chose : plus on zoome, plus on compresse les distances. Donc plus les éléments lointains paraissent proches et sur le même plan. Il suffit de regarder la photo panoramique où le hameau de Tiantouzhai se voit à peine.
Le tryptique ISO-temps de pose-ouverture : aucun commentaire particulier ici. On est en pleine lumière. Donc pas de difficulté. Dans ces conditions, le choix premier est celui de l’ouverture. F/8 classiquement pour un paysage (bon compromis de profondeur de champ). Le reste en découle.