A Saqqaq, il y a peut-être une centaine d’habitants présents à l’année. Et autant de chiens. Les adultes sont enchaînés, par meutes souvent. Et les bébés jusqu’à 5 ou 6 mois sont en liberté.
Le défi, c’est donc de réussir une photo de chiens à peu près correcte. 15 jours dans un tel village sans réussir une, on aurait des regrets. D’autant plus qu’à part les mouettes, et les poissons, la faune est réduite aux abords du village. La faute aux chiens sans doute. Il y a quelques baleines qui passent et repassent dans la baie mais il ne faut pas les louper. Et on les a loupées. Elles passent souvent tôt le matin. Et tôt le matin, avec deux enfants en bas âge, on… dort. Et même si on est réveillés, on évite de faire grincer la porte… Bref, restent les chiens.
A côté de chez nous, sur les rochers, il y a une meute de chiens ados non enchaînés qui mettent le… bololo (apparemment c’est le terme autorisé en ce moment !) dans le quartier. Comme le toit de la cabane fuit, il y a une bâche qui descend jusque par terre. Ils s’en donnent à coeur joie…
Et puis, il y a les deux chiens de la maison d’en face. Un chiot et sa mère. Tranquilles. A chaque fois qu’on sort de la maison, il n’est jamais loin de la sienne. Sous l’escalier, sur les rochers, dans la caisse retournée qui lui sert de cabane. On passe juste à côté de lui sur le chemin. Souvent, dès qu’il nous voit, il se réfugie près de sa mère, timide. Je les prends en photo à bonne distance. Il suit mes mouvements, le regard concentré.
Après de nombreuses autres photos de chiens, de chiots, et comme une photo est intimement connectée à l’émotion vécue sur place, c’est lui que nous avons choisi de retenir. Parce qu’il nous rappelle chacun de ces petits moments du quotidien où l’on est sortis pour aller faire une course (il y a deux petits supermarchés à Saqqaq), jouer au toboggan, voir les icebergs sur la plage. On lui souhaite de longues courses devant un beau traîneau en hiver !
Le choix du noir et blanc pour l’aspect magnétique du regard. Le choix du cadrage central est plutôt rare mais là aussi il me semble que c’est un choix guidé par les regards.