Avant un voyage, nous regardons bien évidemment les nombreuses photos qui ont été prises sur les lieux où l’on veut aller. Et nous décidons une partie du parcours en fonction des photos que nous avons envie de réaliser.
La petite île de Gili Trawangan, au large de Lombok, et juste en face de Bali, est connue pour ses spots de surf, pour ses soirées animées, mais aussi sur le littoral Est, pour ses longues plages de sable fin. A peu près au milieu se trouve une institution : l’hôtel Ombak Sunset, où les touristes ne viennent pas forcément pour manger mais plutôt pour admirer le coucher du soleil, un verre à la main, sur un des poufs ou transats placés juste devant le bar. Et accessoirement, pour se faire prendre en photo sur les balançoires, plantées de loin en loin. A marée basse, on les rejoint quasiment à pied sec. A marée haute, on entre dans l’eau jusqu’aux genoux. En fait, c’est une vraie institution… Il suffit de taper «Ombak sunset» dans un moteur de recherche pour s’en rendre compte. Des balançoires qui arrivent pile en pleine mode du selfie. Un bel endroit où le coucher de soleil est assuré… Il n’en faut pas plus pour que les autres hôtels quelques centaines de mètres sur la gauche appliquent la même recette.
Nous avions pris une chambre d’hôte à 5mn à pied pour être sûr de pouvoir faire plusieurs séances de pose. Villa Lighthouse. On vous recommande les petits déjeuners de Daniele au passage… Le Pancake à la banane est un pur bonheur ! A déguster avec une lichette de miel. Ou pas. Ça dépend des goûts.
Les couchers de soleil sont assez rigolos à observer : comme les autres touristes, nous attendons tranquillement notre tour, en file indienne devant une des 3 balançoires ! Dans une photo d’un lieu très touristique, on a rarement l’occasion de regarder l’envers du décor. Le voici :
Vous aurez noté au passage les plots de béton qu’on met sur toutes les plages urbanisées du monde pour tenter de retenir le sable. Peine perdue comme souvent.
3 soirs. 3 coucher de soleil. Mais à chaque fois, la météo, ou le moment, ou le photographe, n’est pas au top. Quelques photos sortent du lot. Laquelle tirer en grand format. Choix difficile comme souvent.
Sur le premier coucher de soleil, un groupe de jeunes se prend en selfie à quelques dizaines de mètres, énervant profondément la plupart des touristes qui aimeraient bien, eux, être seuls sur leur propre selfie, histoire de montrer… je ne sais pas quoi… Enfin d’être seuls quoi. Nous, on aime bien cette photo. Le calme du soir. Et même le groupe au loin avec sa petite perche !
Le deuxième soir, on s’isole un peu des balançoires pour entrer dans l’eau un peu plus loin. Le moment est beau. L’eau est lisse. Les vagues sont loin. Une petite barrière de corail au niveau des deux promeneurs au loin stoppe la houle.
Le troisième soir, la météo est plus capricieuse. Les nuages, c’est souvent magnifique sur les photos mais ça peut poser souci quand ils réduisent trop le moment du coucher de soleil. C’est le cas ce soir là.
Ceci dit la lumière est belle. L’eau est lisse comme la veille.
Mais finalement c’est cette photo qui nous plaira le plus.
Pour son côté hors du temps, renforcé en choisissant les tons bleus en post-traitement. Crépuscule. Lumière du soir. Nuages d’orage au loin sur Bali. Balançoire sortant de l’eau juste comme il faut. Calme. Le temps qu’il faut pour prendre la photo : nous sommes après le coucher du soleil. Plus personne ne fait la queue. Les autres touristes sirotent leur coktail sur les transats. Le filtre gris neutre fait merveille. C’est un morceau de verre noir qui empêche la lumière de rentrer trop rapidement et allonge donc le temps de pose. Surtout ne pas bouger sur la balançoire. Rester immobile. Le temps d’une seconde. Sur les Gili, au large de Bali.
Pourquoi ces choix techniques ?
La focale : 14mm. La balançoire est proche de la plage. Je préfère donc utiliser un grand angle pour la fondre dans le paysage. 14mm, c’est la focale minimale dont je dispose. Avec un capteur FX, on appelle ça un ultra-grand-angle. A 50mm, la focale correspondant à l’oeil humain, la balançoire aurait occupé beaucoup plus de place.
Le tryptique ISO-temps de pose-ouverture découle de mon choix de temps de pose. Je souhaite exposer assez longtemps pour que l’eau soit un peu plus fluide et lisse (elle l’est déjà mais je veux renforcer l’effet). 3 ou 4s auraient été mieux. Mais dans ce cas, nous aurions eu un flou de bougé au niveau de la balançoire. Donc 1s, c’est un bon compromis. Si je veux garder 1s avec le filtre gris neutre et avoir malgré tout une bonne exposition, c’es-à-dire faire rentrer beaucoup de lumière, il faut augmenter les ISO et ouvrir le diaphragme, d’où ISO 1000 et f/4.5.
Le cadrage : la balançoire est mon élément phare. J’aurais pu la placer ailleurs. Mais dans un paysage marin, il peut être intéressant de faire moitié ciel / moitié mer (alors que dans d’autres paysages on fait plutôt 2/3 / 1/3). D’autres cadrages auraient été possibles mais celui-ci fonctionne bien.
Les choix de post-traitement : nous avons aimé ici cette atmosphère de crépuscule bleuté qui fond tout le paysage dans une même teinte tout en mettant en valeur la lumière, la forme de la balançoire et les nuages à gauche au loin. Les possibilités énormes de travail sur la lumière et le renforcement de telle ou telle teinte sont permises par le fait que la photo a été prise au format RAW avec un bon appareil photo. Beaucoup d’informations ont ainsi été conservées dans le fichier, qui pèse d’ailleurs assez lourd (une trentaine de mégas ici, alors même qu’il y a peu d’éléments sur la photo).