Septembre 2015 : Maxime m’envoie une photo de son nouvel ULM pendulaire. Un tricycle, deux sièges, une aile, un moteur, une hélice, quelques instruments de vol, aucun carénage. La machine rêvée pour la photo aérienne !
Premier vol fin septembre au dessus de la vallée du Rhône et du Vercors. L’ULM est basé à Etoile au Sud de Valence. RV le matin tôt pour profiter de la lumière et de l’absence de thermiques. Maxime est là depuis un bon moment déjà. Au menu de la prépa vol : sortir les autres ULMs du hangar puisqu’ils sont devant le sien. Les rentrer. Faire le plein des 50 litres d’essence (SP95) qui nous permettraient de tenir en l’air plusieurs heures au besoin (13 litres à l’heure pour un ULM, contre 200 litres environ pour un hélicoptère). Vérifier la machine. S’équiper : il fait frisquet à 7h du matin fin septembre. Mais en l’air, il fait carrément froid, avec 80km/h de vent relatif. Plusieurs couches de vêtements, anorak, gants pour moi, combinaison de vol pour Maxime. Casque. Mise en route, stabilisation du moteur. Vérification du micro, vérification de l’aile, visière, et hop c’est parti ! Direction la petite piste d’envol en herbe. Dernière vérification. Décollage en quelques secondes à fond et montée au dessus de la vallée du Rhône. On est très vite à 1500m d’altitude et on prend la direction du Vercors.
Drôme vue du ciel
L’objectif choisi (un 24-70mm) remplit parfaitement son rôle. Tant mieux parce qu’il serait trop dangereux d’en changer en vol. Techniquement, ce serait faisable, mais le moindre élément qui s’échapperait de mes mains pourrait faire du dégât au sol bien sûr et aussi… dans l’hélice qui est juste derrière moi. On va éviter. Un 24-70, c’est donc parfait pour de la photo aérienne. D’autres focales (14-24 ou 70-200) seraient intéressantes dans un second temps pour d’autres vols. On pourrait bien sûr emporter deux boîtier, pour un prochain vol peut-être. Le fait que l’ULM n’ait pas de carénage en fait un outil de rêve. Je peux viser à la verticale ou à l’horizontale sans gêne. Voire même légèrement derrière moi.
On se pose à Etoile après une bonne heure de vol, légèrement vasouilleux : à force de regarder dans le viseur, l’estomac en prend un petit coup. Ça se dissipe vite. Petit conseil de Maxime pour la prochaine fois : un bon plat de pâtes au petit-déjeuner permet d’avoir l’estomac lesté.
9 mois plus tard, prêt pour le deuxième vol, cette fois-ci au dessus de l’Ardèche. Outre qu’il a fallu trouver des créneaux qui convenaient dans notre emploi du temps, il a aussi fallu attendre une météo parfaite. Pas de vent ce matin de fin juin. Et une très belle lumière. Pas de vent, ça va rendre le vol plus agréable. Et comme il n’y a pas de voile de chaleur, la visibilité sera bonne pour les photos et ne demandera pas trop de travail en post-traitement. Les petites heures du matin sont les meilleures pour ça. Evidemment, l’inconvénient, c’est que le soleil n’est pas au zénith et qu’il y aura donc des ombres. Un photographe qui louerait un hélicoptère et voudrait le rentabiliser à fond le ferait plus volontiers vers midi, de façon à ne pas avoir d’ombres.
Décollage vers 7h30. Cap sur l’Ardèche.
Ardèche vue du ciel
On passe le Rhône au niveau du barrage de Charmes. La lumière est magnifique. Et l’absence totale de vent donne l’impression de flotter sur un tapis volant, tout en douceur. Quelques cumulus au loin sur la Haute-Loire mais aucun nuage plus proche.
Maxime profite comme moi des très beaux paysages qui se déroule sous nos pieds. On passe au dessus d’une série de hameaux lovés au milieu de la forêt, puis au Sud de Boffres. La récolte des foins est en cours et dessine de jolies formes géométriques.
Vernoux est visible juste devant. Le Mézenc au loin dans l’alignement. Légèrement à droite, les éoliennes de Saint-Agrève. A gauche, au Sud, une fracture dans le paysage : la vallée de l’Eyrieux. Passage à la verticale de Vernoux. Un quart d’heure de vol et déjà une centaine de photos au compteur. Il va y avoir un peu de tri à faire…
Virage à gauche vers le Sud en direction de la vallée de l’Eyrieux. Je demande à Maxime de se rapprocher de Chalencon.
Léger décalage au Sud-Est et on enroule doucement le village. Magnifique. Les maisons sont au soleil mais la vallée en dessous en encore en partie dans l’ombre.
Devant nous, le village une fois passé, l’Eyrieux, à gauche Saint-Sauveur, plus loin le plateau de Gluiras, légèrement à droite et tout en bas, le Pont-de-Chervil. 15mn de virages en voiture / 1mn par la voie des airs, sans virages… ça fait rêver… Dans l’alignement, Beauvène.
Maxime suit la ligne de crête de la vallée, en rive gauche, concentré sur les possibilités d’atterrissage d’urgence. C’est le gros problème des vols au dessus de la vallée : en ULM, on part du principe que le moteur, qui tourne comme une horloge derrière nous, peut toujours caler à cause d’une poussière dans le filtre à essence par exemple (ce qui en pratique arrive très rarement). On applique donc le principe de précaution : toujours avoir à portée de main un endroit plat et suffisamment grand pour atterrir moteur coupé, en planant. En vallée du Rhône, ça ne pose pas de souci. Sur le plateau de la Haute-Loire non plus. Mais au dessus de la vallée de l’Eyrieux, c’est un travail qu’il faut garder en tête si on veut devenir un vieux pilote ! Maxime vole du coup un peu plus haut (autour des 2000m) et garde l’oeil attentif aux champs dégagés.
On se rapproche doucement de Saint-Julien-Labrousse. A gauche, la plongée vers le lac des Collanges, la Palisse et le Cheylard dans l’alignement et au fond le Mézenc. Du sol, le point de vue de Saint-Julien est déjà magnifique. Mais depuis le ciel, c’est encore mieux. Une petite photo des Nonières en passant. Et on descend sur le barrage.
Le vol est toujours aussi doux. La vitesse de l’ULM est parfaite. Suffisamment rapide pour couvrir de grandes distances. Suffisamment lente pour avoir le temps d’ajuster quelques paramètres sur l’appareil photo, de retenter des photos mal cadrées, ou tout simplement de profiter du point de vue. En comparaison, le vol en hélicoptère est meilleur pour le positionnement dans l’espace puisque on peut descendre très bas, se stabiliser, tourner rapidement l’appareil, l’incliner, etc. Mais vu le coût astronomique de la minute (eh oui, on compte en minute… autour de 25€ la minute), on ne profite que très peu du vol. Ce qui n’est pas du tout le cas en ULM. Eloge de la lenteur. Un drône serait parfait mais ne permet pas de travailler aux mêmes altitudes et jamais d’enchaîner de si grandes distances en une seule sortie. Il permet donc de faire d’autres types de reportage.
Passage à la verticale de l’Eyrium. Pas encore de baigneurs à cette heure matinale. Saint-Cierge juste devant. La Palisse en dessous. Et Le Cheylard. Maxime m’offre deux très beaux tours de la vieille ville, de quoi prendre le temps de faire les photos dont j’ai envie à toutes les focales. Un petit regard vers Accons et Mariac, vers Saint-Jean-Roure. Ce sera l’objet d’un autre vol.
On s’échappe ensuite en direction de Saint-Martin via la roche de Brion. Une photo du gîte Nuits d’y Cîmes au passage, avec les bulles dans le jardin. En face, de l’autre côté de la vallée de l’Eyrieux, Rochebonne est encore dans l’ombre. Arrivée au dessus de Saint-Martin, quelques belles photos à la verticale.
On passe ensuite rapidement au dessus de La Chapelle-sous-Chanéac. Très belle vue sur les vallées de La Rochette et d’Arcens à gauche, avec le rocher de Soutron au milieu. La ligne de crête Mézenc – Gerbier est bien nette maintenant : on est tout proche.
Avant le survol du plateau, on se dirige vers Les Vastres où se trouve un petit terrain d’atterrissage que j’avais déjà utilisé pour m’entraîner au sol avec une voile de parapente. Maxime a prévenu Jean-Jacques, un de ses collègues pilotes qu’on allait lui rendre une petite visite. Vue d’en haut la piste d’atterrissage semble minuscule. En fait, elle est vraiment très courte : un peu plus de 200m de long pour quelques mètres de large quand celle d’Etoile en fait 300. Un plus gros avion pourrait s’y poser mais pas redécoller. Il faut bien viser. Impressionnant, surtout quand on arrive dessus à 70km/h (l’idée est de garder de la vitesse pour traverser sans dommage toutes les bulles d’air qui pourraient déstabiliser l’ULM près du sol). Maxime pose l’ULM en douceur tout en contrecarrant au dernier moment les petits mouvements d’air. C’est là qu’on voit que le pilote est doué ! Jean-Jacques se pose quelques minutes plus tard et nous paie le café sous le petit hangar de la base.
45mn plus tard, décollage pour le vol retour. Il faut bien les 3/4 de la piste. On prend la direction de Saint-Clément. Comme de Saint-Julien-Labrousse, le point de vue est magnifique au sol et est encore plus beau en l’air.
Cap sur le Mézenc. On passe non loin des roches de Borée. Une partie du village est derrière mais on voit l’église. On arrive sur le Mézenc par le versant ardéchois, le long des éboulis de la face Est. On passe à la verticale du cirque des Boutières (coucou les marmottes !) et le côté Haut-Loire se dévoile.
Maxime continue sur l’Alambre pour avoir une belle vue des Estables et du versant Haute-Loire du Mézenc avec un peu de recul. Magnifique ! Il faudra revenir en hiver pour avoir le tout sous la neige. On survole le Chaulet et on s’éloigne vers le Gerbier en passant non loin du suc de Sara. Les vallées ardéchoises et leurs serres sont magnifiques. Jean-Jacques nous accompagne sur un bout de chemin. Photos de son ULM sur fond de Sara, puis de Mézenc et devant les éoliennes de Sainte-Eulalie.
Le Gerbier, tout petit vu d’en haut ! Très belle vue de tout le massif ! Cap sur Saint-Sauveur et la vallée de l’Eyrieux pour le vol retour. Saint-Andéol droit devant. Petite photo du lac de Saint-Martial au passage. Survol du très beau cirque de terrasses du hameau de Pras.
Puis des quelques maisons de Saint-Andéol. Verticale sur le Chambon de Dornas. Un regard à droite sur Lachamp-Raphaël. On essaie de se repérer. A gauche Dornas. Au loin Mariac, puis Le Cheylard. On passe au dessus du col de Mézilhac. Vue sur Saint-Genest-Lachamp à gauche. On suit la vallée de la Glueyre. Arrivée sur Gluiras, joli petit village sur son plateau.
Descente sur la vallée de l’Eyrieux via La Fargatte et Cols. La Glueyre à gauche, l’Eyrieux à droite. Saint-Sauveur droit devant. Verticale.
15mn montre en main depuis le Gerbier (1h bonne heure par la route !). Un regard en arrière sur la vallée de l’Eyrieux amont. Les lacets de la route. Magnifique. On a le plein de photos et de souvenirs. On suit la vallée pour regagner Etoile.
Les Ollières, Saint-Fortunat, Saint-Laurent-du-Pape. Le panorama s’ouvre sur la vallée du Rhône. La Voulte et Beauchastel. Passage à la verticale de l’écluse de Charmes. Un regard sur Valence à gauche plus au Nord. Survol de l’A7, prise de repères sur la manche à air du terrain d’atterrisage. Le vent est presque nul, légèrement Nord. Approche avec quelques jolis petits cercles un peu plus rapides pour perdre de l’altitude. Et posé sans souci à Etoile. Il est 10h du matin. 2h30 de vol au dessus de l’Ardèche.