Voici la photo d’origine, prise sur le domaine nordique des Estables, pas très loin de la croix de Peccata. J’ai choisi de me placer dans le prolongement de la piste qui monte à la croix de Peccata, dans un virage, derrière les filets de sécurité pour ne pas gêner la course. Un endroit intéressant à plusieurs titres. On voit venir le traîneau de loin. On a donc largement le temps de faire sa mise au point et son cadrage. L’arrière-plan est sympathique et les quelques spectateurs ajoutent à la profondeur. Et surtout, un vent de travers passe juste à cet endroit, ce qui devrait donner un joli effet de neige fouettée.
Comme dans toute photo, il faut faire très attention à l’arrière-plan. Ici, il faut faire bien attention de ne pas couper certains arbres si on peut. Et de ne pas mettre de spectateur à moitié derrière le traîneau. L’effet ne serait pas très heureux.
J’ai choisi de zoomer presque à fond (190mm) pour compresser les distances. Il faut savoir que plus on zoome, plus on compresse. Dans la réalité, il y a plus de distance entre les spectateurs et le traîneau que la photo n’en donne l’impression. Pourquoi ne pas zoomer encore plus ? Je voulais quand même garder un peu de décor. Et surtout je sais que je peux recadrer la photo après coup.
Côté ouverture, f/9. Pour récupérer un peu de profondeur de champ. A f/2.8, le groupe de spectateurs aurait été complètement flou. On retiendra qu’en général, quand on veut que tout soit net parce qu’on veut tout le paysage, on se met entre f/8 et f/10. On ne ferme pas plus, ça ne sert pas à grand chose. Ici, si tout n’est pas net, c’est à cause de la météo et à cause de la focale élevée (190mm). A une focale plus petite (50mm par exemple), tout aurait été net.
Côté vitesse, 1/400s. Le traîneau bouge assez vite. Pour un objet en mouvement à vitesse « normale », on retiendra que si on veut figer le sujet, il faut se mettre autour de 1/500s en général.
Voilà pour les mesures. ISO 320 au passage pour équilibrer le tout. Et rafale (on ne peut pas prévoir l’expression et les mouvements des chiens).
Les appareils d’aujourd’hui permettent beaucoup de travail de post-traitement, ce qui est tout simplement génial si on a le temps et l’envie. Prenez toutes les photos que vous souhaitez retravailler en RAW (voir un article précédent sur le RAW).
Dans cette photo, j’en voyais 4 en fait. Autrement dit, en la voyant sur l’ordinateur, j’ai eu envie de faire 2 recadrages et un passage en noir et blanc.
1e possibilité : garder le cadrage d’origine. Pas de recadrage donc mais toute une série de petites transformations pour rendre la photo plus fidèle à la réalité.
- Travail sur l’histogramme, la courbe de lumière. Pour éclaircir.
- Utilisation d’un point de contrôle du blanc (on le pose sur la photo là où l’on pense que c’est du blanc, puis on coche double seuil pour ajuster la luminosité, puis on décoche double seuil, et hop, la teinte verdâtre a disparu. Dès qu’on a des photos de neige ou des portraits, c’est super efficace de passer par le point de contrôle du blanc.
- Puis un petit masque de netteté (que l’on appelle le masque flou), pour renforcer la netteté sur le chiens.
Et on obtient cette photo :
On aurait pu aussi travailler sur le vignettage (les coins sont plus sombres que le reste de l’image).
2e possibilité :
Ça peut être sympa de resserrer la perspective sur le sujet de la photo. On voit mieux le grésil aussi.
3e possibilité :
J’adore l’expression des chiens. Ça mérite un cadrage vraiment serré. Qui met bien en valeur le détail des poils.
4e possibilité : un passage un noir et blanc.
La totalité du reportage est ici. Quelques petits commentaires de plus sur ce reportage :
- Le froid et la neige ne font pas du bien au matériel. On peut lui adjoindre un étui en caoutchouc ou un sac en plastique fabrication maison. Ceci dit, mon D90 a résisté à tout pendant plusieurs années. Le D800 est encore plus robuste. Pas de souci donc pour faire face aux éléments déchaînés. Un bon sac molletonné permet de bien protéger les autres objectifs. Et je fais attention à bien sécher le matériel en rentrant.
- Les endroits où on se place comptent beaucoup. Il ne faut pas hésiter à varier les lieux de prise de vue. La manière de se positionner aussi. Les meilleures photos ce jour-là : couché dans la neige, au ras du sol. A hauteur des chiens. Suffisamment en dehors de la piste pour ne pas gêner le travail des mushers et des chiens.
- Bien bien vérifier la netteté après chaque série de prises de vue. Vue la longueur d’un attelage, la mise au point n’est pas facile. Et un net au second plan n’a pas beaucoup d’intérêt si le premier de l’attelage est flou.
- Attention à bien choisir son arrière-plan. Encore une fois, c’est vraiment essentiel pour avoir une photo qui sort bien.